Assises du NewSpace (2e édition)

DU 05 AU 06 JUILLET 2023

Venez nous voir au stand ASTRES, ainsi qu’à la table ronde sur la Gouvernance Spatiale !

Jeudi 6 juillet – 11h45 – Table ronde « Gouvernance spatiale : A quoi pourrait ressembler le futur Conseil National de l’Espace (CNE) ? » – intervention de Sabrina BARRÉ, fondatrice de ASTRES 

DefInSpace, finale

12 DECEMBRE 2023

Venez nous voir au stand ASTRES du Village Innovation à l’occasion de la finale du hackathon DefInSpace organisé par le Commandement de l’espace.

Siège d’Orange, 111 quai du Président Roosevelt, Issy-les-Moulineaux

La Lettre A.STRES : l’Europe et les ressources spatiales

“Nous aussi nous pouvons le faire”

Déclaration de Jacques Blamont, premier directeur scientifique et technique du CNES, le 25 mai 1996.

Le dernier Forum Innovation Défense a mis le spatial à l’honneur tant dans les projets exposés que dans les conférences proposées. Lors de la table ronde “Vol habité/vol autonome européen” un des panélistes a évoqué la nécessité de fédérer les européens au travers du refus d’exploiter les ressources spatiales et a questionné ce qu’apporterait réellement l’autonomie en matière d’exploration spatiale européenne.

Le GT Exploration spatiale d’ASTRES s’est donc saisi de la thématique, afin d’apporter la voix de la jeunesse au débat. 

Alors que la nouvelle course à la Lune est en plein essor et que les américains et chinois mettent en œuvre leurs stratégies respectives pour y parvenir, certains européens ne semblent pas avoir esquissé de stratégie alignée avec la dynamique qu’impulse la nouvelle exploration spatiale. En effet, à l’exception du Luxembourg, il se pourrait que les acteurs européens manquent encore une fois un tournant industriel stratégique majeur. 

En effet, le retour quasi permanent de l’humanité sur la Lune et le voyage habité vers Mars ne se fera sans de lourdes infrastructures. Même si les premières missions Artemis prévoient d’amener depuis la Terre tout équipement nécessaire sur la Lune, le début de la décennie 2030 verra apparaître l’utilisation des ressources déjà présentes sur notre satellite pour rendre les missions plus économiques et durables. Qu’il s’agisse d’impression 3D du régolithe lunaire, de la production d’ergols, ou encore de stockage d’énergie solaire, l’ensemble des ressources présentes sur la Lune permettront d’ici quelques années de développer de nombreuses infrastructures sur place, sans avoir à les envoyer depuis la Terre. 

Le rapport d’information sur l’exploitation des ressources spatiales publié par la Délégation à la prospective du Sénat décrit parfaitement les enjeux et retombées possibles pour l’industrie spatiale européenne. 

  • Tout d’abord, l’exploitation des ressources spatiales serait un effet de levier majeur pour les industries françaises et européennes, tant dans l’encouragement à l’innovation que dans la création de nouveaux marchés. Dans le cas échéant, il ne faudra pas s’étonner de la fuite de certaines entreprises européennes stratégiques vers des états plus conciliants en la matière…
  • De plus, cela pourra donner lieu à des retombées économiques considérables du fait des synergies terrestres possibles (rovers autonomes) et des applications mixtes (Maana Electric et ses panneaux solaires à base de régolithe ou de sable du désert).
  • Souvent oublié, mais l’impact environnemental serait important car combiné à d’autres services (réparation, MCO….), les ressources spatiales permettraient une diminution drastique des lancements aujourd’hui nécessaires depuis la Terre1 en ravitaillant en ergols produits in-situ les atterrisseurs lunaires ou en produisant des infrastructures sur la Lune grâce aux ressources qui s’y trouvent.”

L’Europe en tant que puissance normative pourrait réglementer l’exploitation des ressources spatiales sous l’angle de la durabilité

Comme le rappelle le rapport d’information du Sénat, il est donc urgent de commencer à réfléchir aux modalités d’attribution et d’exploitation de ces ressources. Par exemple en délimitant les “règles d’attribution (licences, quotas, etc.), pouvoirs de contrôle, régime fiscal, assurance, responsabilité, transparence et publicité des données, sécurité, et protection de l’environnement”.

C’est pourquoi, au sein du GT Exploration Spatiale d’ASTRES, nous sommes convaincus qu’une Europe pouvant amener ses propres astronautes sur la Lune en totale souveraineté ne peut se faire sans une stratégie claire et ambitieuse sur l’utilisation des ressources spatiales. C’est dans ce but que nous appelons les acteurs institutionnels et privés français à avancer dans ce sens car dans 50 ans, l’utilisation du régolithe pour les activités lunaires nous paraîtra comme une évidence, au même titre qu’aujourd’hui faire un trajet en voiture équipé de bidons d’essence pour faire le plein plutôt que passer par une station essence nous semble absurde.

A l’aube d’une nouvelle ère d’exploration spatiale, comment la jeunesse française peut-elle souscrire à des renoncements qui n’ont pas été ceux de ses aînés au lendemain de la Seconde guerre mondiale ?

Thomas Delhon et Sabrina Barré pour le GT Exploration Spatiale, 27 novembre 2023. 

  1. A titre de comparaison, la mission Artemis 3 nécessitera l’envoi de près de 20 Starships. (https://spacenews.com/starship-lunar-lander-missions-to-require-nearly-20-launches-nasa-says/) ↩︎

Interview : “Espace et Nucléaire” avec Grégoire Lambert, Framatome Space

Etats-Unis, Chine, Russie et récemment le Royaume Uni, tous membres du Conseil de Sécurité de l’ONU au même titre que la France, se sont positionnés sur le développement de capacités nucléaires spatiales. 

Comme l’énergie nucléaire, l’industrie spatiale connaît un intérêt renouvelé partout dans le monde et l’humanité est prête à s’embarquer dans une nouvelle ère du voyage spatial. La NASA a dévoilé ses objectifs de la Lune à Mars qui visent une présence humaine prolongée sur la lune d’ici 2030 et une première mission vers Mars d’ici 2040. L’Europe, via son Agence spatiale européenne (ESA), a participé au programme ARTEMIS de la NASA et vise maintenant une souveraineté accrue ainsi que le développement de capacités de lancement de missions spatiales habitées. Le tourisme spatial ou l’utilisation commerciale des capacités spatiales se sont rapidement développées au cours des dernières années, sous l’égide d’entreprises privées offrant un accès commercial à l’espace à des prix acceptables et faisant du rêve du voyage dans l’espace une réalité pour quelques-uns.

Comme sur Terre, l’accès à une énergie sûre, fiable et en continu est clé pour permettre tout développement. 

Chez Framatome, nous sommes persuadés que cette future exploration spatiale peut être facilitée ou améliorée par l’énergie nucléaire.

Framatome travaille depuis plusieurs années pour l’industrie spatiale en fournissant des dômes pour les réservoirs des lanceurs et de l’hafnium pour les alliages durcis des engins spatiaux. Nous avons pu aussi soutenir des développements en mettant à disposition nos moyens d’essais et nos compétences.

Sur le nucléaire spatial nous avons déjà des activités en Europe et aux Etats Unis. Framatome soutient le CEA et le Groupe Ariane avec une étude de faisabilité sur un moteur à propulsion thermonucléaire. Nous avons participé à une première phase sur la fabricabilité du combustible aux Etats-Unis. La capacité à concevoir et fabriquer des combustibles nucléaires est clé et nous ne sommes pas nombreux à avoir cette connaissance et compétence.  

Depuis plus de six décennies, nos équipes conçoivent, construisent et entretiennent la chaudière nucléaire de centrales dans le monde entier. Nous avons été présents à chaque étape du processus sur tous les types de technologies de réacteurs. Framatome est également engagé dans l’avenir de la production d’énergie nucléaire, depuis les réacteurs de troisième génération aux réacteurs avancés et aux petits réacteurs modulaires (SMR). Nous travaillons aujourd’hui en particulier sur les réacteurs avances qui montrent de fortes similitudes et qui partageront des briques technologiques avec les réacteurs pour un usage spatial.

C’est l’ensemble de ces capacités que nous souhaitons mettre au service de l’industrie spatiale pour atteindre ses nouveaux objectifs.

Au-delà des applications de propulsion, quelle place pour l’énergie nucléaire dans les futurs enjeux de la logistique spatiale et des bases habitées ? 

Comme sur Terre l’accès à une énergie sûre, fiable et en continu est clé pour permettre tout développement. L’énergie nucléaire répond à ce besoin. Elle permet d’une part de réduire les temps de trajets et donc de limiter l’impact sur la santé des astronautes et d’autre part de fournir de l’énergie nécessaire à tous services sur une base déportée lunaire., Les panneaux solaires y sont peu efficaces du fait d’une nuit lunaire qui dure 14 jours terrestres avec des températures atteintes très faibles.

Les produits Framatome adresseront ils d’abord à des agences spatiales, au milieu militaire, ou à des acteurs commerciaux ? 

Avec la création de Framatome Space, Framatome se tient prêt à jouer un rôle décisif dans l’avenir de l’exploration spatiale et met ses 65 ans d’expertise nucléaire et industrielle au service de l’industrie spatiale pour permettre aux missions de gagner en rapidité et en efficacité.

La marque Framatome Space a pour objectif de positionner Framatome en tant que partenaire de choix de l’ensemble des acteurs de l’espace pour rendre possibles leurs nouveaux challenges et en fonction de leurs besoins qui seront tous spécifiques.

Comment Framatome perçoit la concurrence sur ce marché du nucléaire spatial ? Quels atouts à faire valoir devant celle-ci ? 

Depuis plus de six décennies, nos équipes conçoivent, construisent et entretiennent la chaudière nucléaire de centrales dans le monde entier. Nous avons été présents à chaque étape du processus sur tous les types de technologies de réacteurs. Framatome est également engagé dans l’avenir de la production d’énergie nucléaire, depuis les réacteurs de troisième génération aux réacteurs avancés et aux petits réacteurs modulaires (SMR). Nous travaillons aujourd’hui en particulier sur les réacteurs avancés qui montrent de fortes similitudes et qui partageront des briques technologiques avec les réacteurs pour un usage spatial.

En plus d’être un industriel présent à toutes les étapes de la chaine jusqu’à la fabrication des équipements et leurs qualifications nous avons un atout précieux qui est notre capacité à concevoir et fabriquer du combustible. Par exemple notre division CERCA est le premier fournisseur mondial de combustible nucléaire et de cibles d’uranium pour les réacteurs de recherche, et notre joint-venture Isogen est spécialisée dans la production de radioisotopes dans les réacteurs de puissance commerciaux CANDU.

D’après vous, la commande publique (française, européenne) permettra-t-elle à Framatome et ses partenaires industriels de pérenniser la filière du nucléaire spatial ? 

L’Europe est en train de construire sa feuille de route industrielle et se concentre aujourd’hui sur sa capacité à développer des RPS (radioisotope power system). Les réflexions autour des réacteurs à fission commencent. Framatome participe aux programmes européens ESA (European Space Agency) sur de premières études sur la propulsion nucléaire au coté du CEA et d’Ariane Group.

Framatome à travers sa marque Framatome Space pourrait apporter des solutions à certains défis techniques, rassurer sur la capacité européenne et faciliter les décisions.

Projet RocketRoll

ou “pReliminary eurOpean reCKon on nuclEar elecTric pROpuLsion for space appLications” est un projet d’étude des avantages de la propulsion nucléo-électrique (NEP)  de l’ESA (2023).

Projet ALUMNI

ou “preliminAry eLements on nUclear therMal propulsioN for space applIcations” est un projet d’étude des avantages de la propulsion nucléo-thermique (NTP)  de l’ESA (2023).

Envisagez-vous à terme une coopération avec des startups ou PME émergentes du domaine spatial ou du domaine nucléaire ? 

Nous développons par ailleurs des relations avec les start-ups du New Space qui, elles aussi, étudient comment s’approvisionner en énergie. Nous espérons concrétiser rapidement ces premiers échanges.  L’innovation est une composante forte de l’ADN de Framatome. Chaque jour, nous innovons pour proposer de nouvelles solutions et services pour gagner en compétitivité et en sûreté d’exploitation.

D’après vous, quels seront les besoins RH dans cette filière nucléaire spatiale d’ici 2040 ? 

Aujourd’hui il y a peu de lien entre les deux domaines. Nous voulons constituer une passerelle à un moment où les deux sujets de l’énergie et de l’espace passionnent jeunes générations mais pas que. L’annonce de Framatome Space réveille le rêve d’enfance de bons nombres de nos collaborateurs.

Les compétences initiales à avoir sont proches et donc un passage d’un domaine à l’autre est possible et si on peut travailler dans les deux domaines en même temps, c’est passionnant.

Nous sommes en 2040 : comment imaginez-vous les apports de Framatome dans l’aventure d’exploration spatiale européenne ? 

Framatome souhaite être à bord. Les programmes en Europe vont se concrétiser et nous souhaitons y contribuer et les faciliter. Ensuite Framatome n’est pas que européen et nous pourrons accompagner d’autres pays en faisant valoir les compétences françaises.

Pour rappel, l’Alliance Stratégique des Étudiants du Spatial a pour but d’organiser et de stimuler la réflexion stratégique jeune autour du spatial français. Ses 8 groupes de travail investissent des thématiques d’avenir et contribue à la démocratisation de celles-ci, comme par exemple l’usage de l’énergie nucléaire dans l’espace. 

Avez-vous un mot pour la jeunesse du secteur spatial français ? 

Les enjeux spatiaux sont immenses et passionnants. Les enjeux énergétiques liés d’une part au changement climatique mais aussi aux tensions géopolitiques actuelles font prendre conscience de l’importance et de la capacité de l’énergie nucléaire. Nous souhaitons participer à construire ce futur et faire le pont entre nos domaines. Les jeunes générations ont la chance de pouvoir participer. Elles peuvent choisir un des domaines ou les deux en même temps.

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