La stratégie spatiale de la Chine

Dans quel contexte la Chine développe-t-elle sa stratégie spatiale ? Quels sont ses objectifs et ses ambitions dans ce domaine ? Les GT mettent à votre disposition leurs analyses pour mieux comprendre le positionnement de la Chine sur la scène spatiale internationale.

Par le GT Gouvernance

Résumé

La stratégie spatiale chinoise combine exploration scientifique, ambitions économiques et objectifs militaires. Grâce à des programmes comme Chang’e (lune) et Beidou (satellites), elle vise à devenir un acteur majeur indépendant, soutenue par des partenariats public-privé, une coopération internationale sélective et des avancées technologiques.

Introduction

La stratégie spatiale chinoise n’est pas à négliger ni à sous-estimer. Ces dernières années ont montré une capacité d’interférence dans l’espace et le déploiement d’éléments de  puissance.

Objectifs stratégiques

Les ambitions chinoises peuvent être regroupées autour de ces quatre éléments reliant exploration scientifique et conquête spatiale. Elle développe un programme lunaire par  les missions Chang’e. Elle développe progressivement un programme pour Mars.  L’observation de la Terre (OT) passe par son programme satellitaire Gaofen. Il vise à  déployer un système de télédétection global pour surveiller les terres agricoles,  l’environnement et les eLets du changement climatique. Des activités d’ordre militaire  peuvent être eLectuées. La sécurité nationale chinoise par l’espace et pour l’espace  repose sur des satellites militaires (télécoms sécurisées), la technologie ASAT et son  système de reconnaissance Beidou. Sur le plan de l’économie spatiale, il est nécessaire  de comprendre que les programmes lunaires chinois visent à terme à créer des mines  lunaires pour extraire de l’hélium-3.

Cadre institutionnel et politique

Toute la politique spatiale chinoise est organisée autour d’un complexe d’institutions  gouvernementales, d’agences publiques, d’entreprises d’État et d’acteurs privés. On  retrouve la CNSA (China National Space Administration), la CMC (Commission militaire  centrale), la CASC (China Aerospace Science and Technology Corporation), la CASIC (China Aeropsace Science and Industry Corporation), la SASTIND (State Administration  for Science, Technology and Industry for National Defense). Depuis 2014, la Chine  accentue une coordination avec le secteur privé en soutenant des start-ups. Des  entreprises comme i-Space, LandScape et OneSpace naissent (lanceurs, petits  satellites, télécoms et observation de la Terre). Des PPP (partenariats public-privé)  oLrent un mécanisme de subvention en soutien technologique et infrastructures. Elles  collaborent donc avec la CASC ou la CASIC. Les estimations portent le budget à 26  milliards de $ en 2023. Pour les sources de financement, le Gouvernement central investi  par des plans quinquennaux, les PPP (encourageant les collaborations commerciales),  les investissements privés (investisseurs chinois ou étrangers), par des accords  bilatéraux dans le cas de la Belt and Road Initiative (Afrique, Amérique latine, Asie pour  la mise en orbite de satellites).

Coopération internationale

Sur ce point, la Chine développe une approche plutôt coopérative comme base de  déploiement de ses activités, favorisant alors une croissance domestique (en cours et à  venir).  

Avec l’Agence Spatiale Européenne (ESA) :  

  • Presque le premier partenaire occidental. L’ESA a coopéré pour des missions  d’exploration lunaire et martienne, notamment pour la mission Chang’e-4, ainsi  que des missions d’observation des planètes, le suivi des missions  interplanétaires. Pour Mars, l’ESA a fourni une aide au suivi de la mission Tianwen 
    • Les deux acteurs partagent des données concernant l’observation de la Terre  pour les océans et le changement climatique. 

Avec la Russie

  • La coopération la plus ancienne et mouvementée. les deux veulent réduire leur  dépendance vis-à-vis de l’Occident. Les deux pays annoncent en 2021 leur  partenariat pour l’ILRS (International Lunar Research Station), une alternative à la  Station Gateway occidentale. Avec d’autres pays en développement : 

Avec l’Afrique et l’Amérique latine :  

  • La Chine les a aidés à lancer leurs propres satellites, notamment avec le Nigeria,  le Venezuela et l’Éthiopie. Dans la zone Asie-Pacifique : c’est le cas du Pakistan et  de la Thaïlande. 

Avec les Etats-Unis

  • Une coopération très limitée en raison du Wolf Amendment de 2011. De fait, la  Chine ne peut pas participer à l’ISS. Ceci a poussé la Chine à accélérer son  indépendance. 

Deux éléments clés vecteurs de coopération : la station spatiale Tiangong et le  programme ILRS (International Lunar Research station).

Modélisation 3D de la station spatiale chinoise Tiangong. (Source : Shujianyang, CC BY SA)

Capacités technologiques et industrielles

La Chine dispose d’un arsenal d’atout. Elle possède ses propres sites de lancement,  d’une gamme de lanceurs variée avec une capacité à développer de nouvelles  technologies applicables domestiques (propulsion innovante, exploration robotique et  IA). 

Les sites de lancement :

  • Jiuquan (LEO),  
  • Xichang (GEO),  
  • Taiyuan (OP = orbite polaire),  
  • Wenchang (missions lunaires, orbites géostationnaires et interplanétaires). 
Principales installations spatiales de la Chine
(Source : AFP)

Les lanceurs appartiennent à la famille Chang Zheng dit aussi fusée Longue Marche (CZ 1 à CZ-10 aujourd’hui, avec parfois des sous familles comme CZ-4B et CZ-4C pour des  orbites basses et héliosynchrones). Des lanceurs privés émergent comme Jielong (Smart  Dragon) et Gushenxing (Ceres). 
La CASC et CASIC sont les entreprises d’État responsables des chaines de production de  lanceurs, satellites et systèmes connexes. Des entreprises privées tentent d’intégrer le secteur très étatisé, comme LandSpace (lanceur Zhuque), i-Space (lanceur Hyperbola)  et OneSpace (lanceurs commerciaux).

Résultats et performances

La Chine montre ses réussites. Elles concernent le vol habité non plus à bord de capsule  ou fusée mais de sa station spatiale. Également, des missions de ravitaillement de la  station démontrant une capacité chinoise à le faire et développer des techniques plus  complexes à l’avenir en fonction des besoins. Concernant les missions d’exploration  planétaire, il s’agit d’une croissance. La Chine rattrape son retard notamment en étant la  troisième puissance à être parvenu à se poser sur Mars de manière fonctionnelle. Le  programme lunaire Chang’e est surement la clé qui démontre toutes les capacités  technologiques de la Chine dans le domaine de l’exploration spatiale. Par ceci, la Chine  devient capable d’imposer des normes technologiques et juridiques. Sa réussite  repose aussi sur ses satellites. Le système Beidou pour le GPS, le système Gaofen pour  l’observation de la Terre, et le projet Hongyan pour lutter contre Starlink de SpaceX.

Réglementation et cadre légal

La Chine dispose d’un bon cadre légal pour les activités spatiales, mais il n’est pas aussi  poussé que le modèle américain ou européen. La Chine respecte le traité de 1967  (principes généraux), de 1972 (responsabilité), 1976 (immatriculation). Elle n’a pas signé  et ne respecte pas le traité de 1979 sur la Lune (comme les USA et l’URSS-Russie). 
L’organisation du cadre légal ne se fait pas pour l’instant par le biais de lois, mais de  directive ou de règlements ministériels. La sécurité spatiale ou sécurité dans l’espace est  une priorité grandissante pour les Chinois, en raison de l’importance de son système  satellitaire dans les communications, la surveillance militaire et la navigation. Des  règlements régissent la sécurité des lancements, le suivi des objets spatiaux et la  protection des infrastructures spatiales contre menaces potentielles (naturelles ou  humaines). Le sujet des collisions en orbite préoccupe aussi la Chine face à un  encombrement de l’espace de plus en plus notoire. Sur ce point, la Chine n’a pas d’autres  choix que de participer à des collaborations avec d’autres pays et initiatives  multilatérales. Elle se questionne sur la responsabilité des objets spatiaux, la gestion des  débris (a pris un tournant voyant les conséquences de son dernier tir ASAT de 2007 = tech.  auto-désorbitation et système de capture de débris), la sécurité dans l’espace (jonction  équilibriste entre civil et militaire, suivi des objets, et initiatives multilatérales). Via le  COPUOS (ONU), elle contribue aux discussions sur la prévention des conflits spatiaux, la  gestion des ressources spatiales et la collaboration internationale. De plus, elle adhère  aux normes internationales établies dans un cadre onusien pour réduire et gérer le  problème des débris spatiaux bien que ses lois nationales soient très incomplètes sur la  question. Sur le sujet de la régulation de l’espace, la Chine n’est pas très encline à  travailler durement en raison des restrictions et de l’hostilité américaine.

Développement durable et impact environnemental

Depuis les réactions de son dernier tir antisatellite de 2007 et une surpopulation factuelle  dans l’espace, la Chine a décidé d’adopter des mesures. D’abord, elle cherche a adopté  des missions plus sures avec de nouveau protocole comme le désorbitage des étages de  fusées. Elle développe au sol des moyens de surveillance du trafic satellitaire en orbite et  autre objet. Elle participe davantage aux discussions internationales. Dans le cadre de  ses enjeux, elle mise sur plusieurs technologies clés pour l’avenir du secteur. Dans les  technologies de mitigation on retrouve des systèmes de désorbitation automatique, des  tech. de capture de débris, la récupération des débris par des satellites dédiés actifs en  orbite. Au niveau réglementaire, des normes nationales (d’origine internationale,  principalement onusienne) ont été imposées aux acteurs publics et privés chinois pour  des obligations de limitation de création de débris spatiaux et d’assurer la sécurité des  lancements des opérations en orbite. Ce n’est qu’un élément entrant dans le domaine du  développement durable car toute la stratégie pour l’exploration et l’exploitation des  ressources spatiales se retrouvent confrontées à ces problèmes basaux. 
Pour l’exploitation minière des astéroïdes et de la Lune, le plan s’intègre dans une  ambition à réduire la dépendance de la Chine vis-à-vis des ressources terrestres, faisant  d’elle un acteur pouvant faire la pluie et le beau temps sur ce marché dans l’avenir. Dans  le programme Chang’e, l’objectif principal est l’exploitation de l’hélium-3 pour accéder à  la fusion nucléaire et créer une base permanente sur notre satellite naturel. Le pays  cherche aussi à extraire des minerais d’astéroïdes. Un tel programme nécessite de  nombreuses nouvelles technologies, dont les principales se regroupent à travers des  systèmes robotiques avancés, des technologies de propulsions plus eLicaces comme  les propulsions nucléaires et électriques ainsi que des technologies de traitement de  ressources (matériaux extraits en produits utilisables, oxygène, eau et métaux). Dans ce  prisme de l’exploration, les obstacles sont aussi internationaux. La coopération  internationale fait face à des lacunes juridiques du fait de l’absence de la Chine des  signatures de l’accord sur la Lune de 1979. Son projet ILRS avec la Russie vise donc à  créer une nouvelle échelle de normes applicables à la Lune. Actuellement, la Chine est  en train de conduire l’élaboration de corpus réglementaires sur ce sujet d’exploitation de  ressources minières dans l’espace, tout en favorisant l’implication d’entreprises privées  dans le secteur, avec une étatisation du contrôle de l’activité. Origin Space en fait partie.

Engagement du secteur privé

En Chine, il existe un soutien gouvernemental croissant pour encourager les start-ups et  l’innovation dans le secteur spatial, bien que la structure de cette industrie soit  différente de celle des États-Unis, notamment en ce qui concerne la relation entre le  gouvernement et les entreprises privées.

Capacités de défense et de sécurité

Le programme spatial chinois intègre des éléments liés à la défense, notamment en ce  qui concerne la surveillance par satellite, la cybersécurité spatiale et le développement  de systèmes de défense antisatellite. 
La Chine a développé un vaste réseau de satellites de surveillance et d’observation. Ces  satellites sont utilisés non seulement pour des applications civiles, mais également pour  des missions de renseignement militaire. Des systèmes comme le réseau de satellites Yaogan sont spécifiquement conçus pour les missions militaires, y compris l’intelligence  de surveillance et la reconnaissance. 
La cybersécurité est devenue un enjeu crucial pour la Chine, surtout dans le contexte de  l’interdépendance croissante entre les systèmes spatiaux et les technologies de  l’information.

Éducation, recherche et innovation

La Chine investit massivement dans la formation de nouvelles générations de  scientifiques, d’ingénieurs, et de chercheurs dans le domaine spatial. Ce programme de  formation est soutenu par une collaboration active entre les universités, les centres de  recherche, et les agences gouvernementales, ce qui permet de former des experts  capables de répondre aux besoins croissants du secteur spatial chinois. Pour se faire, la  Chine a développé plusieurs programmes d’enseignement supérieur et écoles  techniques pour former des spécialistes dans le domaine spatial. Parmi ces initiatives,  on trouve : 

  • Diplômes spécialisés : nombreuses universités comme l’Université Tsinghual’Université de Pékin, et l’Université de l’Aéronautique et de l’Espace de Pékin,  proposent des programmes de maîtrise et de doctorat spécifiquement axé sur  l’ingénierie spatiale, la science des matériaux, et l’astrophysique. 
  • Instituts de recherche : L’Institut de technologie de l’espace et de l’aéronautique  de l’Université de Pékin et d’autres instituts spécialisés jouent un rôle clé dans la  formation des étudiants et la recherche dans le domaine spatial. 

Aussi, la Chine encourage également les programmes d’échange avec d’autres pays afin  de permettre à ses étudiants d’acquérir des compétences et des connaissances  internationales. 
Les universités et les centres de recherche jouent un rôle central dans le développement  de technologies spatiales. En Recherche appliquée (RA), les universités collaborent avec  des agences gouvernementales comme la CNSA et des entreprises d’État pour mener  des recherches appliquées dans des domaines tels que la propulsion, les systèmes de  communication par satellite, et la robotique spatiale.

Les compétences spatiales de l’Union Européenne, de l’ESA et du CNES

Dans quel contexte évolue la France en matière de spatial ? A quels défis sommes nous confronté ? Les GT vous proposent leurs notes de synthèse pour mieux comprendre le paysage spatial actuel.

Par le GT Gouvernance

La politique spatiale française est largement associée à la politique spatiale européenne qui repose sur la coopération entre plusieurs 3 entités majeures : le CNES (Centre National d’Études Spatiales), l’ESA (Agence Spatiale Européenne) et l’Union Européenne (avec l’EUSPA, agence pour le programme spatial de l’UE).


Le CNES est en charge de l’implémentation et d’une partie de la conception de la politique spatiale française. Le CNES contribue aussi activement à la politique spatiale européenne en tant qu’agence nationale la plus importante de l’UE et de l’ESA. Ses missions incluent :

  • Planification et exécution des programmes nationaux : développement de satellites, lanceurs comme Ariane (en collaboration avec l’ESA), et projets scientifiques nationaux. Exclusivité sur les programmes sécuritaires.
  • Innovation technologique : développement de technologies spatiales, notamment dans l’observation de la Terre, les télécommunications et la navigation.
  • Collaboration internationale :
    • Avec l’ESA : participation à des programmes européens et intermédiation entre la France et l’ESA pour défendre les priorités françaises ;
    • Avec des agences mondiales : partenariats bilatéraux avec la NASA, l’ISRO, CNSA, … (fin des partenariats avec Roscosmos depuis 2022)

L’ESA est l’agence spatiale européenne regroupant 22 États membres (dont certains non-membres de l’UE). Elle constitue le principal acteur européen pour les programmes spatiaux multilatéraux. Elle peut aussi implémenter les programmes spatiaux nationaux des États membres ne possédant pas d’agence nationale.

  • Mission et financement :
    • L’ESA est financée par ses États membres et par l’UE, sur la base de contributions volontaires et obligatoires.
    • Ses priorités incluent la science spatiale, les vols habités, les lanceurs, l’observation de la Terre, la navigation et les télécommunications.
  • Compétences principales :
    • Développement de grands programmes européens : lanceurs Ariane et Vega, et missions européennes comme Rosetta et Gaia, …
    • Gestion des infrastructures spatiales européennes : centres d’opérations spatiales, CSG, …
    • Recherche scientifique et R&D : Centre technologique de l’ESA à Noordwijk
  • Relation avec l’UE :
    • L’ESA collabore avec l’UE pour exécuter des programmes phares comme Galileo (système de navigation) ou Copernicus (observation de la Terre).

L’UE est impliquée dans la politique spatiale depuis les années 2000, avec l’article 189 du TFUE qui officialise la politique spatiale comme une compétence partagée. L’agence pour le programme spatial de l’UE (EUSPA) est chargée de l’implémentation de ses programmes.

  • Objectifs politiques :
    • Assurer l’autonomie stratégique de l’Europe dans l’espace.
    • Renforcer l’innovation, la compétitivité industrielle et la durabilité.
    • Soutenir les priorités sociétales : sécurité, environnement, économie numérique.
  • Programmes majeurs :
    • Galileo : le système de positionnement par satellites européen, concurrent du GPS.
    • Copernicus : programme d’observation de la Terre pour surveiller l’environnement et gérer les crises.
    • Espace sécurisé : initiatives pour la surveillance spatiale (SSA) et la défense spatiale.
    • Télécoms : GOVSATCOM, IRIS²
  • Relations institutionnelles :
    • L’UE travaille avec l’ESA via des accords de partenariat : elle finance en partie les missions de l’ESA pour les programmes spécifiques.
    • Elle agit également comme un acteur politique en définissant les grandes priorités stratégiques (EU Space Law incoming…)

La politique spatiale de la Tchéquie

Dans quel contexte la République tchèque développe-t-elle sa politique spatiale ? Quels sont ses objectifs et ses ambitions dans ce domaine ? Les GT vous proposent leurs notes de synthèse pour mieux comprendre le paysage spatial actuel.

Par le GT Gouvernance

Résumé

La République tchèque renforce son ambition spatiale en développant ses capacités industrielles, scientifiques et technologiques. Sans agence nationale, elle s’appuie sur l’ESA et des coopérations internationales. Son programme « Česká cesta do vesmíru » vise une mission spatiale nationale d’ici cinq ans. Le pays investit dans la recherche, l’innovation et la défense tout en soutenant le secteur privé. Il s’engage aussi dans la durabilité avec la gestion des débris spatiaux. Ces initiatives visent à accroître sa visibilité et son rôle dans l’industrie spatiale européenne.

Objectifs stratégiques

Les activités spatiales en République tchèque sont depuis leurs origines principalement étatiques, industrielles et scientifiques (sciences spatiales, technologies spatiales, navigation,  télécommunications par satellite, observation de la Terre, etc.) Les priorités nationales tchèques  concernant l’espace se trouvent dans le Plan spatial national 2020-2025. Ce dernier répertorie les points clés du programme spatial tchèque qui a pour  objectif premier de renforcer les capacités spatiales du pays. Cela passe notamment par le  renforcement des synergies et complémentarités entre le milieu industriel et universitaire  tchèques, afin d’accroître la compétitivité, et d’accélérer les transferts de technologies et de  connaissances entre ces deux milieux. 

Cadre institutionnel et politique

Les activités spatiales en République tchèque sont gérées depuis 2011 par le Ministère  des Transports. Pour ce faire, il a mis en place un Conseil de Coordination des activités spatiales  organisé en plusieurs comités transversaux dont l’un des objectifs est notamment d’assurer une  interface entre l’industrie et le monde universitaire. Aussi, le pays ne possède pas d’agence  spatiale nationale au même titre que d’autres nations spatiales. 

Coopérations internationales

Le spatial en République tchèque passe majoritairement par l’ESA. Le pays se considère  comme le “cerveau et le cœur de l’industrie spatiale européenne et des applications satellitaires“. Il accueille depuis 2021 l’EUSPA qui assure la responsabilité de la gestion opérationnelle et de  l’exploitation des systèmes de constellations européens (EGNOS, Galileo, Copernicus). Un  second siège devrait bientôt ouvrir à Prague à partir de 2025. La République tchèque a  également signé plusieurs accords bilatéraux par exemple avec la France (CNES). Elle a aussi rejoint les accords Artémis en 2023 tout en rappelant son rôle et son implication dans le domaine  spatial, notamment en tant qu’acteur majeur de la recherche spatiale. Il y a une réelle volonté  de mieux et de davantage s’insérer sur la scène spatiale internationale et d’y incarner une  position active pour accroître sa visibilité tout en renforçant ses coopérations bilatérales en  particulier avec les pays européens. Le pays démontre une volonté d’une plus grande considération de ses capacités aux côtés des autres puissances tout en restant en partenariat. 

Capacités techniques et industrielles

La République tchèque dispose d’une grande excellence dans le domaine des sciences  spatiales. Elle a par exemple participé à la mission SWARM ou encore au développement des lanceurs Ariane 5 et Ariane 6. Depuis 2019, les entreprises tchèques sont notamment reconnues  comme membres des chaînes d’approvisionnement internationales pour la production de  lanceurs, de satellites et de segments terrestres. En revanche, elle ne possède pas de site de  lancement, passant ainsi par des coopérations avec l’ESA ou les États-Unis pour mettre en orbite ses propres satellites ou spationautes. Elle est aussi engagée dans le domaine de  l’exploration spatiale comme avec la mission VZLUSAT-1 dont le but était d’examiner les qualités d’un bouclier radiatif visant ensuite à être employé pour la création d’habitations sur la Lune et sur Mars en les préservant des radiations.

Nanosatellite tchèque VZLUSAT-1. (Source : Portail spatial tchèque)

Résultats et performances

La République tchèque a affiché de nouvelles ambitions dans le spatial en annonçant  allouer 275 millions de couronnes tchèques, soit environ 11 millions d’euros, supplémentaires  par an aux programmes de l’ESA pour une participation totale estimée à 62 millions d’euros. Si les investissements sont majoritairement publics, le pays a exprimé sa volonté de stimuler  les investissements privés.  

En juin 2024, la République tchèque a lancé son nouveau programme spatial Česká cesta  do vesmíru (« Voyage tchèque dans l’espace ») consistant en la réalisation d’une mission  tchèque dans l’espace d’ici cinq ans. Ce programme passe par le développement de technologies spatiales grâce à la coopération des secteurs commercial, éducatif et scientifique. Deux  nouvelles missions spatiales ont également été annoncées, à savoir AMBIC (ambitious czech satellite) et QUVIK (Quick ultra-Violet Kilonovae Serveyor). L’objectif est de renforcer la  position du pays et de ses entreprises dans le domaine spatial, même si l’ESA reste le principal  instrument de développement de l’industrie spatiale tchèque.

Réglementation et cadre légal 

La République tchèque est signataire du Traité sur les principes régissant les activités  des États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes de 1967.

Développement durable et impact environnemental 

L’observation de la Terre fait partie des prérogatives du spatial tchèque. Aussi, la  question des débris est assez présente dans sa politique spatiale. Le pays a par exemple rejoint le programme ClearSpace en 2020, soit la première mission de dépollution spatiale. Il y a également une mise en avant dans le Plan spatial national du développement de capacités pour  la gestion et le suivi des débris (lasers, etc.), bien que le cadre reste majoritairement celui de l’UE ou de l’ESA.

Engagement du secteur privé

La République tchèque encourage le développement du secteur privé et de startups tout  en favorisant les synergies avec le public, afin de renforcer ses capacités spatiales et encourager  les innovations. En 2016, la Tchéquie a par exemple fondé ESA BIC Prague un programme  d’incubations, de suivis et de soutiens (financier, techniques, etc.) aux jeunes entreprises  innovantes liées aux activités spatiales. En 2019, le pays a lancé ESA BIC Brno, deuxième plus  grande ville du pays, témoignant ainsi de cette volonté de soutenir le secteur privé pour le  spatial.

Capacités de défense et de sécurité

Si la politique spatiale tchèque est principalement axée autour d’aspects scientifiques,  elle connaît ces dernières années une forme de redynamisme ou de « mise à jour » au vu de la  dégradation du contexte géopolitique, avec une orientation plus marquée autour des enjeux de  défense et de sécurité. En 2018, le Centre satellitaire de la République tchèque (CZE SATCEN)  a ainsi été créé. Il s’agit d’un département intégré à la structure du renseignement militaire tchèque. Le pays a également reconnu officiellement l’importance du spatial comme champ conflictuel. Elle a ainsi mis en avant l’aspect essentiel des images satellitaires et de l’IA pour le  secteur militaire.

Éducation, recherche et innovation 

La formation de nouvelles générations de scientifiques, d’ingénieurs et de chercheurs  est au cœur de la politique spatiale tchèque. Susciter l’intérêt des nouvelles générations pour  l’espace extra-atmosphérique est un axe central notamment représenté par la mise en place d’un  ensemble d’expositions comme en 2020 avec Cosmos Discovery à Prague traitant de l’histoire  de la conquête spatiale. Organisée en collaboration avec la NASA, le Musée Cosmosphere au  Kansas et le Centre d’Éducation de Prague, cette exposition visait à inspirer les jeunes et les  orienter dans cette voie, tout en s’adressant aux adultes de tous âges. La figure d’Aleš Svoboda,  astronaute tchèque de réserve, qui serait le deuxième Tchèque à aller dans l’espace après Vladimir Remek, premier Tchécoslovaque à y être allé en 1978, revient à plusieurs reprises  dans les discours pour engager l’intérêt de la population. L’usage de symboles fait aussi parti  de cette stratégie, comme avec l’envoi de Hurvínek, la célèbre marionnette tchèque aimée des  plus petits dont une réplique a été envoyée à bord du satellite Planetum 1 en 2022, onze ans  après l’envoi de la célèbre Petite Taupe Krteček, à bord du vaisseau spatial Endeavour. Le  programme Česká cesta do vesmíru selon le ministre des Transports Martin Kupka devrait  également participer à susciter l’intérêt des plus jeunes pour l’étude des domaines scientifiques  et techniques.

Notre contribution à Space International

Le magazine spécialisé Space International fait la part belle aux réflexions de la jeunesse ! Toute l’année 2024, vous pouvez lire les résultats de nos travaux interGT, grâce à la confiance du rédacteur en chef Benoist Bihan et l’ensemble de l’équipe de Space International.

de gauche à droite: Léo Henquinet, Alix Guigné, Charlotte Berthoumieux

La collaboration initiée en juin 2023 a semblé évidente. Nés tous deux en mars, Space International et ASTRES partagent la vision d’un secteur spatial en pleine expansion, dont les aspects géopolitiques et stratégiques réclament plus d’attention que jamais. Il fut donc convenu lors des Assises du New Space – Saison 2, de mettre en lumière les réflexions de la jeune génération autour des thèmes suivants:

  • Comment développer et structurer un Conseil National de l’Espace en France ?
  • Comment soutenir l’industrie spatiale française et européenne d’ici 2040 ?
  • Quelles perspectives d’évolution des alliances spatiales à l’épreuve des transformations géopolitiques ?

Le numéro 5 comprend donc une interview de la co-fondatrice et présidente d’ASTRES, Sabrina Barré, pour retracer la genèse et les ambitions du collectif, ainsi que le premier article sur les fondements d’un Conseil National de l’Espace. Dans notre prospective, le Conseil National de l’Espace devient l’organe interministériel principal de coordination et de décision pour la mise en œuvre d’une stratégie spatiale française ambitieuse.

En juin, vous trouverez dans le numéro 6 les travaux sur la souveraineté industrielle spatiale. L’occasion de revenir sur la table-ronde organisée à la Sorbonne Nouvelle, “la culture du spatial dans notre quotidien et dans le futur de l’entreprise” avec François Buffenoir, Alban Guyomarc’h et Mathieu Luinaud.

Nos dernières réflexions sortiront dans le prochain numéro, en attendant à vos kiosques ! Vous pouvez aussi commander Space International ici.

Félicitations à tous les participants aux projets interGT, avec une mention spéciale pour Léo Henquinet (projet Conseil National de l’Espace), Alix Guigné et Washington George (projet Soutien à l’industrie) et Barnabé Andrieu-Coster (projet Alliances continentales), pour leur travail tout au long de l’année.

Un grand merci à Benoist Bihan et aux équipes de Space International pour l’opportunité exceptionnelle et leur confiance dès les premiers jours.

ASTRES au Summer Space Festival

ASTRES s’associe avec le Summer Space Festival pour vous proposer un atelier sur les carrières spatiales, le Samedi 13 Juillet à Lille.

Vous vous êtes toujours demandés quelles études vous devriez faire pour travailler dans le spatial ? Ou comment intégrer le secteur avec votre formation actuelle ?
𝐋𝐞 𝐬𝐚𝐦𝐞𝐝𝐢 𝟏𝟑 𝐣𝐮𝐢𝐥𝐥𝐞𝐭 𝐚̀ 𝟏𝟒𝐡, nous recevrons 4 invités d’exception qui nous présenteront leurs parcours, suivi d’un temps de questions-réponses avec le public.


•⁠ ⁠Numa Isnard, avocat fondateur de SPACEAVOCAT, nous présentera les parcours juridiques
•⁠ Eric DELETOMBE, Directeur du Rayonnement Scientifique Industriel et Institutionnel en Hauts de France à l’ONERA – The French Aerospace Lab nous parlera de son parcours d’ingénieur
•⁠ ⁠Le Commandant Thomas Bouaziz du Commandement de l’Espace sera présent pour répondre à toutes vos questions sur les métiers du spatial dans l’Armée de l’Air et de l’Espace
•⁠ ⁠Enfin, Charlotte Nassey, Chargée des relations institutionnelles chez ispace, inc., nous présentera son parcours et les activités liées au business development !

Les capacités de la salle étant limitées, merci de bien vouloir prendre vos places (gratuites) sur la billetterie en ligne ci-dessous. https://lnkd.in/eA_64s_9

📍 Summer Space Festival, Lille, Gare Saint-Sauveur, Samedi 13 Juillet 2024

Un groupe dédié aux stages et alternances dans le secteur spatial

Il est parfois difficile de pénétrer dans ce domaine fascinant qu’est le spatial : par manque d’informations sur les voies à emprunter, les entreprises qui recrutent ou les compétences à présenter. Du côté des recruteurs, pas simple non plus de trouver des pépites en dehors des grandes filières ingénieures aérospatiales, qui excellent sur le plan technique mais ne préparent pas aux autres métiers tout aussi indispensables au bon fonctionnement de la filière (commerce, finance, communication, …).

Depuis sa création, ASTRES reçoit régulièrement des offres de stages et alternances, et les pourvoit souvent avec succès auprès de ses adhérents. Néanmoins, depuis les premiers jours nous avons à cœur de démocratiser l’accès au secteur spatial. Dès lors, repartager ces offres au plus grand nombre semble évident.

Ainsi, le groupe Linkedin public Stages et Alternances du Spatial | par ASTRES est ouvert pour les recruteurs et les étudiants, jeunes professionnels. Tout le monde est appelé à y contribuer, en rediffusant des offres aperçues dans nos fils Linkedin respectifs ou en proposant celles de votre organisation.

Le fonctionnement est simple

Pour les recruteurs:

Partagez ou écrivez une nouvelle offre, en indiquant les détails essentiels: Profil attendu, Localisation, Date, Missions et Rémunération s’il y a.

L’astuce: utilisez le modèle “Dire que je recrute” pour une offre encore plus attractive et qui apparaîtra aussi dans l’onglet Carrières de Linkedin.

Pour les étudiants

Activez les notifications pour recevoir les nouvelles offres, réagissez aux posts des recruteurs.

Vous pouvez aussi poster votre propre recherche, en indiquant les missions, le type, la date et la localisation.

Nous continuons de diffuser les offres en interne aussi, obtenues sur Linkedin ou sur notre email directement.

Bonnes rencontres professionnelles à tous !